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Apr 20, 2024

L’évolution rapide du paysage financier mondial a suscité un intérêt croissant pour les transferts de fonds des diasporas vers leurs pays d´origine, les remittances, et du rôle particulier que ceux-ci peuvent jouer dans l’inclusion financière.

Dans le cadre du Projet Inclusion Financière en Tunisie, la GIZ a lancé une étude visant à évaluer l’importance d’un projet pilote axé sur l’éducation financière pour les familles des Tunisiens résidant à l’étranger (TRE), dans le but d’améliorer la qualité de l’information sur les produits financiers, y compris les transferts de fonds, dans le contexte tunisien.

Les transferts de fonds jouent un rôle crucial dans l’économie tunisienne, contribuant de manière significative au bien-être des familles restées au pays. Ils représentent une manne importante de devises, équivalent à 5,8 % du PIB en 2022, dépassant ainsi même les recettes issues du tourisme. Cependant, l’inclusion financière demeure un défi majeur, et il est essentiel de comprendre les défis générationnels auxquels les TRE font face. Comprendre la motivation des nouvelles générations à investir en Tunisie et à maintenir des liens économiques et sociaux avec leurs familles d’origine est donc essentiel. L’étude a révélé une diversité de profils parmi les TRE, chacun ayant des liens familiaux et des pratiques financières variées. De la gestion d’investissements fonciers à l’intérêt pour l’épargne et l’investissement, il est clair que les approches doivent être adaptées à chaque profil. Malgré l’importance de l’accès à des institutions financières formelles, celles-ci sont parfois mal perçues comme ne répondant pas toujours aux besoins des populations financières pas ou peu incluses. La confiance envers les institutions publiques et les appréhensions liées aux nouvelles offres financières et en éducation financière constituent des obstacles à surmonter.

La mise en place d’un programme d’éducation financière devrait se concentrer sur les transactions de base, l’ouverture de comptes, le conseil financier, la promotion de l’épargne-investissement et les nouveaux services tels que la finance digitale. Des programmes spécifiques doivent être envisagés en fonction des profils de TRE identifiés. Comprendre le comportement des membres de la diaspora et de leurs familles, qui sont les acteurs clés dans ces transferts, est essentiel. Cependant, cette compréhension ne peut être obtenue qu’à travers des enquêtes approfondies et des dialogues directs. Des initiatives telles que la série de dialogues pour l’identification des besoins et des attentes de la diaspora ou l’initiative Greenback (Une initiative de la Banque mondiale qui vise à accroître l’efficacité des marchés des envois de fonds) sont cruciales pour obtenir des informations précieuses sur les motivations, les préférences et les défis auxquels sont confrontés les expéditeurs et les bénéficiaires.

Un aspect souvent négligé est le choix des canaux de transfert. Souvent informelles, ces canaux sont influencés par plusieurs facteurs, notamment le niveau de connaissance des expéditeurs sur les services disponibles, la situation du récepteur en termes d’inclusion financière et son niveau en éducation financière ainsi que les frais et la couverture géographique des points de réception. De plus, les attitudes des banques réceptrices envers les bénéficiaires peuvent également jouer un rôle crucial, car elles peuvent limiter l’accès aux services financiers pour ceux qui en ont le plus besoin. En outre, les méthodes de mesure des flux financiers reçus présentent des lacunes importantes. Actuellement, ces mesures ne permettent pas de déterminer le volume réel des transferts ni d’identifier les actions nécessaires pour maximiser leur impact. Une meilleure agrégation des données et des efforts pour comprendre les schémas de flux de fonds sont nécessaires pour orienter les politiques et les interventions de manière plus efficace.

En effet, les transferts de la diaspora représentent bien plus qu’un simple mouvement d’argent. Ils sont une force motrice de l’économie mondiale et un élément essentiel du tissu social et familial pour des millions de personnes à travers le monde. En reconnaissant pleinement leur importance et en travaillant à améliorer leur efficacité et leur impact, nous pouvons exploiter tout leur potentiel pour favoriser le développement économique et social à l’échelle mondiale.

Les TRE sont les relais naturels pour la formation en éducation financière. Une session de formation à distance pour les membres de la TRE pourrait renforcer l’efficacité du projet pilote, en particulier pour les membres vulnérables restés en Tunisie. Pour maximiser l’impact, la concentration initiale sur une zone, idéalement dans le centre-est et les localités rurales, est recommandée. Les associations communautaires et professionnelles devraient jouer un rôle clé dans la mobilisation et l’institutionnalisation de la formation. Les transferts de fonds des TRE jouent un rôle vital dans l’économie tunisienne, contribuant à la stabilité financière des familles. Renforcer l’inclusion financière à travers des initiatives éducatives bénéficiera non seulement aux bénéficiaires directs mais aura également un impact positif sur l’ensemble de l’économie nationale.

Le contenu de la formation doit s’adapter au contexte financier tunisien, en intégrant le cadre réglementaire et les procédures. Une approche axée sur les besoins des bénéficiaires, avec une attention particulière aux produits d’épargne, au crédit immobilier et aux services financiers digitaux, est recommandée. La promotion de l’inclusion financière des TRE doit s’inscrire dans un plaidoyer plus large, impliquant l’OIT, la GIZ et l’OIF. L’institutionnalisation de l’éducation financière à travers une mise à l’échelle de l’action pilote est essentielle. Un suivi basé sur la capitalisation d’expériences complétera les connaissances sur les besoins des familles des TRE.

En conclusion, ce projet pilote offre une opportunité unique d’améliorer l’inclusion financière des TRE, renforçant ainsi les liens économiques et sociaux avec la Tunisie et maximisant l’impact positif des transferts de fonds dans le contexte national et sera capitalisé dans le cadre du projet de la GIZ « Promotion de l’inclusion financière et socio-économique » des Tunisien.nes de retour. Ce projet étant co-financé par le Ministère Allemand du Développement et de la Coopération (BMZ) et l´Union Européenne.